Un des grands enjeux auxquels se retrouve confronté le marché des prêts à impact est le manque de régulation prédéfinie permettant d’évaluer les propositions des entreprises – chaque banque suivant ses propres normes.
Pour proposer une solution à cette problématique, la LMA (Loan Market Association, dont l’objectif est de favoriser le développement du marché secondaire des prêts en Europe) et l’ELFA (European Leveraged Finance Association, une association professionnelle d’investisseurs actifs sur le marché européen du financement avec effet de levier) ont défini des recommandations pour la mise en place de ces prêts selon cinq critères : le choix des indicateurs clés de performance (KPI), l’ajustement des objectifs de performance de durabilité (SPT), la définition des caractéristiques du prêt, la transparence sur les performances réalisées (reporting) et la vérification extérieure pour la validation des objectifs.
Ces principes sont également énoncés afin d’éviter des cas de greenwashing, mais n’ayant aucun poids juridique, ils n’empêchent pas certaines entreprises de bénéficier de ces prêts sans mettre en place de véritables efforts. Comme l’indique Luis Reyes, « les recommandations et les guides de bonnes pratiques existants n’engagent pas concrètement les acteurs. Il n’existe pas de législation qui force les entreprises à agir en faveur de l’environnement ou être réellement engagé dans une démarche sociale. »
Le manque de régulation au niveau de la transparence permettrait en effet à certaines entreprises d’énoncer des objectifs ESG sans vraiment les remplir tout en profitant des taux avantageux des prêts à impact positif. Pour l’instant, afin d’être éligible à ce genre de prêt, les objectifs définis doivent simplement être « suffisamment ambitieux », ce qui peut permettre à certaines entreprises de s’en sortir avec des propositions facilement atteignables et sans réel impact. « L’enjeu principal des prêts à impact positif reste le caractère non contraignant et l’absence de traçabilité des fonds utilisés. Toutefois, les activités des entreprises qui en bénéficient peuvent aller à l’encontre des objectifs de l’accord de Paris », conclut l’expert.