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L’économie circulaire : transformer le retail pour un futur durable

Face à la multiplication des crises environnementales, économiques, ou encore sociales, notre modèle économique linéaire, résumé par l’expression « take, make, waste », montre aujourd’hui ses limites. Ce système, fondé sur l’extraction massive de ressources, la production intensive et la consommation rapide, engendre une pression insoutenable sur la planète et ses ressources naturelles. Dans ce contexte, l’économie circulaire propose une approche systémique qui repense la manière dont nous concevons, utilisons et valorisons les ressources. Elle ouvre la voie à un modèle plus résilient, plus sobre et mieux aligné avec les enjeux de demain.

Conscient de ces enjeux et engagé depuis de nombreuses années auprès des acteurs du retail, Oney les a réunis lors d’une conférence, animée par Anne-France Mariacher, experte reconnue et professeure à l’ESCP, cofondatrice de la Fresque de l’économie circulaire. Elle a partagé son expertise sur les enjeux, les opportunités et les transformations que l’économie circulaire implique pour le secteur du retail.

L’économie circulaire apparaît non comme un simple levier, mais comme un élément de réponse aux limites de notre modèle actuel. Découvrons pourquoi sa mise en œuvre devient une nécessité pour les acteurs du retail et comment ils peuvent concrètement s’y engager.

Un système linéaire à bout de souffle

« La consommation est part du problème, mais aussi de la solution. »

L’économie circulaire est trop souvent associée à la gestion des déchets. Or, comme le souligne Anne-France Mariacher, « c’est avant tout une question de ressources et d’opportunités, notamment pour le retail ». Notre modèle actuel extrait des ressources, produit, consomme, puis jette. Ce système génère une pression énorme : chaque année, la France produit 310 millions de tonnes de déchets, soit l’équivalent de cinq Tours Eiffel empilées sur Paris.

Si le recyclage progresse, avec 30 % des déchets recyclés en France en 2025 et 57 % de collecte plastique en Europe, il reste insuffisant. Seul 8% du plastique est réellement réutilisé. « Le recyclage c’est bien, mais ça ne va jamais résoudre notre problème, à moins que l’on soit dans une économie parfaitement stable. Ce qui n’est pas le cas », explique l’experte.

Au-delà des déchets, la question des ressources mobilisées pour fabriquer les produits est capitale. Pour produire un ordinateur de 2 kg, par exemple, il faut 1000 kg de matière mobilisée, soit un facteur 500 par rapport au poids final. Cette démesure illustre l’ampleur du gaspillage dans notre système actuel. La consommation énergétique liée à ces processus est aussi un défi majeur, bien loin de la neutralité carbone visée pour 2050.

En parallèle, la dépendance aux métaux critiques, comme le cobalt ou le cuivre, accentue les risques géopolitiques et environnementaux, avec des réserves limitées et des impacts sociaux lourds dans les pays producteurs. Enfin, la biomasse renouvelable souffre elle aussi, avec des usages très gourmands en eau (pour fabriquer 1 kilo de tissu en coton, il faut 10 000 litres d’eau !) et des pressions sur les sols, menacés partout dans le monde.

« En bref, nous sommes passés d’une consommation mondiale de 30 giga tonnes de matières en 1970, à 100 giga tonnes par an aujourd’hui. Et nous avons des prévisions de 190 giga tonnes de ressources d’ici 2050. »

Ces constats sont sans appel : notre modèle linéaire n’est plus le modèle de demain. Et, comme l’explique Anne-France Mariacher, « la consommation est une part du problème, mais aussi de la solution ». Si le consommateur n’est pas coupable de tout, dans un système qui le pousse à la consommation, il reste néanmoins la clé de ce qui va pouvoir être changé.

L’économie circulaire, levier de résilience

« Votre enjeu, c’est de réduire vos impacts, vos coûts, vos risques… mais aussi d’assurer la pérennité de vos entreprises demain. »

Face aux polycrises climatiques, géopolitiques, réglementaires, d’approvisionnement ou de réputation, les entreprises n’ont plus d’autres choix que de s’adapter. « Votre enjeu, c’est de réduire vos impacts, vos coûts, vos risques… mais aussi d’assurer la pérennité de votre entreprise demain », explique notre experte. Dans ce contexte, l’économie circulaire s’impose comme un des leviers de transformation. Pas une solution miracle, prévient Anne-France Mariacher, mais « un élément de la solution ».

Le modèle « Value Hill » illustre cette idée : la valeur d’un produit augmente lors de sa fabrication, mais s’effondre rapidement après usage. L’économie circulaire vise à casser cette dynamique en réduisant les ressources utilisées (éco-conception, achats responsables), en allongeant la durée de vie des produits (réparation, réemploi), et en réintégrant les matériaux dans le cycle économique (reconditionnement, remanufacturing), avec le recyclage en dernier recours. Par exemple, une perceuse est utilisée seulement 10 minutes sur toute sa vie. Pourquoi en posséder une si on peut simplement y accéder à la demande ? Cette logique s’applique aussi aux vêtements, bureaux, ou voitures, souvent sous-utilisés. « L’économie circulaire n’est donc pas une histoire de fin de vie et de recyclage, mais bien une histoire de gestion des ressources et de création de valeur », souligne la cofondatrice de la Fresque de l’économie circulaire.

Le réemploi, un marché à saisir

« Quel retailer peut aujourd’hui se permettre de passer à côté de 20 % de son marché ? »

Parmi les modèles économiques circulaires, le réemploi est particulièrement stratégique pour le retail. Selon le MEDEF, il pourrait représenter 20 % du marché d’ici 2035. « Quel retailer peut aujourd’hui se permettre de passer à côté de 20 % de son marché ? », interpelle Anne-France Mariacher. Le défi n’est plus de savoir si les retailers doivent s’y engager, mais comment.

Les consommateurs, d’abord attirés par le prix, adoptent progressivement la seconde main, qui est de plus en plus perçue comme une norme sociale. Pourtant, 77 % des Français la considèrent encore comme risquée. Pour Anne-France Mariacher, c’est évident : « Vous, retailers, avez un rôle extraordinaire à jouer. Vous êtes capables de certifier, garantir, rassurer vos clients et expliquer que la seconde main est possible. »

« On se bat aujourd’hui pour des produits que personne ne voulait il y a dix ans. »

Plus encore, les bénéfices sont concrets : un lave-linge reconditionné réduit l’empreinte carbone de 90 % et coûte 30 % moins cher. Ce modèle crée de la valeur sans extraire de nouvelles ressources. L’économie circulaire revient donc à décorréler la création de valeur de l’extraction de ressources, mais cette transition demande d’intégrer traçabilité, gestion logistique et compétences spécifiques… sans oublier la bataille qui s’annonce autour des gisements. « On se bat aujourd’hui pour des produits que personne ne voulait il y a dix ans », observe Anne-France Mariacher.

Le mouvement est néanmoins bien enclenché. Petit Bateau, par exemple, a intégré des corners de seconde main en magasin et constate déjà 10 % du chiffre d’affaires généré via la seconde main. Le groupe SEB a transformé une usine de production neuve en site dédié au reconditionnement, visant 5 % du chiffre d’affaires d’ici 2030.

Depuis plusieurs années, Oney accompagne les pionniers du réemploi, comme Back Market, Le Bon Coin, Electro Dépôt, Boulanger ou encore Decathlon. Et les résultats sont significatifs : depuis 2019, la production de crédit dédiée à l’économie circulaire et à la transition énergétique chez Oney a augmenté de 45 %, avec 93 % de ces financements orientés exclusivement vers des produits d’occasion ou reconditionnés. Plus encore, grâce aux offres d’assurances affinitaires Oney, 59 % des produits assurés sont réparés plutôt que remplacés.

Vers une économie de la fonctionnalité et de la coopération

« Il ne s’agit plus simplement de louer un produit, mais bien de proposer un accès adapté aux besoins du client. »

Au-delà du réemploi, l’économie circulaire passe par la mise à disposition collective et l’accès sur mesure, plutôt que la possession. « Il ne s’agit plus simplement de louer un produit, mais bien de proposer un accès adapté aux besoins du client », explique Anne-France Mariacher. Cela peut aller d’objets partagés via des casiers connectés à des offres adaptées et sur-mesure.

Leroy Merlin, par exemple, accompagne ses clients dans la rénovation de leur plancher, en analysant leurs besoins et en leur proposant un kit complet incluant outils et matériaux. Ici, nous ne sommes plus dans un modèle de vente de produits, mais bien dans une réponse adaptée aux besoins clients.

La dernière étape est l’économie de la performance : la valeur vient du service, des données et de l’expertise, bien plus que du produit lui-même. Ce modèle permet de réduire considérablement la consommation de ressources tout en augmentant la satisfaction client. Une étude dans le secteur automobile illustre ce potentiel : « Aujourd’hui, la valeur d’un véhicule se fait principalement à la fabrication, mais dans un monde circulaire, elle est multipliée par dix grâce à la vente de services et l’optimisation de l’usage », explique Anne-France Mariacher. Cette transformation offrirait une formidable opportunité pour décarboner et innover.

L’économie circulaire : une stratégie gagnante pour le retail

Pour les retailers, adopter des business models circulaires c’est réduire les risques face aux crises, décarboner ses activités, améliorer sa performance extra-financière et créer de nouvelles sources de revenus. Le retail doit ainsi évoluer de la simple vente de produits neufs vers une offre globale intégrant neuf, reconditionné, services, data et conseil. Le commerce devient alors un partenaire tout au long du cycle de vie du besoin.

Doubler le taux de circularité actuel (de 8 à 16 %) permettrait de réduire les émissions de carbone de 40 % et la consommation de ressources de 29 %, tout en générant une croissance mondiale significative et des emplois. L’économie circulaire n’est pas une baguette magique, mais bien un levier essentiel pour accompagner la transition écologique et garantir la pérennité économique.

Oney s’engage à accompagner cette transformation, en finançant prioritairement des produits d’occasion et reconditionnés et en proposant des assurances favorisant la réparation. Une contribution concrète pour prolonger la vie des produits et accompagner le retail vers plus de circularité.

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