« Votre enjeu, c’est de réduire vos impacts, vos coûts, vos risques… mais aussi d’assurer la pérennité de vos entreprises demain. »
Face aux polycrises climatiques, géopolitiques, réglementaires, d’approvisionnement ou de réputation, les entreprises n’ont plus d’autres choix que de s’adapter. « Votre enjeu, c’est de réduire vos impacts, vos coûts, vos risques… mais aussi d’assurer la pérennité de votre entreprise demain », explique notre experte. Dans ce contexte, l’économie circulaire s’impose comme un des leviers de transformation. Pas une solution miracle, prévient Anne-France Mariacher, mais « un élément de la solution ».
Le modèle « Value Hill » illustre cette idée : la valeur d’un produit augmente lors de sa fabrication, mais s’effondre rapidement après usage. L’économie circulaire vise à casser cette dynamique en réduisant les ressources utilisées (éco-conception, achats responsables), en allongeant la durée de vie des produits (réparation, réemploi), et en réintégrant les matériaux dans le cycle économique (reconditionnement, remanufacturing), avec le recyclage en dernier recours. Par exemple, une perceuse est utilisée seulement 10 minutes sur toute sa vie. Pourquoi en posséder une si on peut simplement y accéder à la demande ? Cette logique s’applique aussi aux vêtements, bureaux, ou voitures, souvent sous-utilisés. « L’économie circulaire n’est donc pas une histoire de fin de vie et de recyclage, mais bien une histoire de gestion des ressources et de création de valeur », souligne la cofondatrice de la Fresque de l’économie circulaire.
Le réemploi, un marché à saisir
« Quel retailer peut aujourd’hui se permettre de passer à côté de 20 % de son marché ? »
Parmi les modèles économiques circulaires, le réemploi est particulièrement stratégique pour le retail. Selon le MEDEF, il pourrait représenter 20 % du marché d’ici 2035. « Quel retailer peut aujourd’hui se permettre de passer à côté de 20 % de son marché ? », interpelle Anne-France Mariacher. Le défi n’est plus de savoir si les retailers doivent s’y engager, mais comment.
Les consommateurs, d’abord attirés par le prix, adoptent progressivement la seconde main, qui est de plus en plus perçue comme une norme sociale. Pourtant, 77 % des Français la considèrent encore comme risquée. Pour Anne-France Mariacher, c’est évident : « Vous, retailers, avez un rôle extraordinaire à jouer. Vous êtes capables de certifier, garantir, rassurer vos clients et expliquer que la seconde main est possible. »
« On se bat aujourd’hui pour des produits que personne ne voulait il y a dix ans. »
Plus encore, les bénéfices sont concrets : un lave-linge reconditionné réduit l’empreinte carbone de 90 % et coûte 30 % moins cher. Ce modèle crée de la valeur sans extraire de nouvelles ressources. L’économie circulaire revient donc à décorréler la création de valeur de l’extraction de ressources, mais cette transition demande d’intégrer traçabilité, gestion logistique et compétences spécifiques… sans oublier la bataille qui s’annonce autour des gisements. « On se bat aujourd’hui pour des produits que personne ne voulait il y a dix ans », observe Anne-France Mariacher.
Le mouvement est néanmoins bien enclenché. Petit Bateau, par exemple, a intégré des corners de seconde main en magasin et constate déjà 10 % du chiffre d’affaires généré via la seconde main. Le groupe SEB a transformé une usine de production neuve en site dédié au reconditionnement, visant 5 % du chiffre d’affaires d’ici 2030.
Depuis plusieurs années, Oney accompagne les pionniers du réemploi, comme Back Market, Le Bon Coin, Electro Dépôt, Boulanger ou encore Decathlon. Et les résultats sont significatifs : depuis 2019, la production de crédit dédiée à l’économie circulaire et à la transition énergétique chez Oney a augmenté de 45 %, avec 93 % de ces financements orientés exclusivement vers des produits d’occasion ou reconditionnés. Plus encore, grâce aux offres d’assurances affinitaires Oney, 59 % des produits assurés sont réparés plutôt que remplacés.