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Le packagingéco-responsable : lanouvelle norme pourun monde durable

Extraction des ressources, impact carbone, pollution, complexité de la recyclabilité de certains matériaux… les emballages pèsent lourd sur la planète et le bilan carbone des entreprises. Aujourd’hui, les innovations en matière d’éco-conception, soutenues par de nouvelles réglementations, réinterrogent leur utilité et leur nature pour développer de nouveaux packagings éco-responsables et réinventer les usages. Jean-Baptiste Tissier, formateur RSE_RSO certifié par l’Afnor, nous invite à repenser la notion de fonctionnalité de l’emballage pour choisir le plus juste et le plus responsable.

Qui n’a pas constaté, en consommant un produit, que son emballage était parfois trop grand, trop épais, ou présentait un sur-emballage ou des accessoires excessifs ? Qu’ils soient en papier, en carton, en verre ou en plastique, le conditionnement des emballages les rend parfois superflus. Voie inutiles. Inutile, c’est justement le terme qu’a choisi le législateur français, dans le cadre de la loi Agec pour parler d’un emballage qui ne remplirait pas ses fonctions techniques essentielles, à savoir : un rôle de protection sanitaire, d’intégrité des produits, de transport, ou encore de support d’information réglementaire.

« A titre d’exemple, le pot de yaourt joue clairement un rôle de protection sanitaire, précise Jean-Baptiste Tissier, qui conseille les entreprises dans leur transformation environnementale; l’emballage d’un ananas découpé – devenu produit transformé – pose question et invite à redéfinir le principe de consommation du produit ». La loi AGEC pour Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire, vise précisément ce type d’emballages à usage unique et en plastique jetable – qui ne répond pas directement au critère d’utilité au sens de la loi.

Depuis le 1er janvier 2023, ils sont interdits en France dans la restauration rapide, la restauration collective d’entreprises, les cantines scolaires ou encore les cafétérias des musées accueillant au moins vingt personnes (avec a minima la moitié obtenue via le réemploi) et 100% d’ici 2040. Mais la loi étend ses obligations bien au-delà du secteur de la restauration.

Le rôle moteur du cadre réglementaire en faveur des 3R

« Le cadre réglementaire engage aujourd’hui le consommateur européen – et les producteurs- à revoir leurs pratiques et leurs usages. Ce qui était une source de préoccupation citoyenne et environnementale est devenu un levier d’action ». Le Code de l’environnement précise en effet que « tout producteur est tenu d’élaborer et de mettre en œuvre un plan de prévention et d’écoconception ayant pour objectif de réduire l’usage de ressources non renouvelables, d’accroître l’utilisation de matières recyclées et d’accroître la recyclabilité de ses produits ».

La directive européenne relative aux plastiques à usage unique (Use Plastique (SUP) a aussi fixé un objectif de 25% minium de recyclé dans les bouteilles en PET dès 2025 ; et de 30% de recyclé dans les bouteilles en plastique pour boisson d’ici 2030 (toutes résines plastiques confondues). Le PPWR [1] européen, quant à lui, est encore plus ambitieux. Conçu pour harmoniser la gestion des emballages à l’échelle européenne et améliorer le traitement des déchets d’emballage dans tous les États membres, il vise des objectifs de recyclage et de réduction de 60 % en 2025, 70 % en 2030, et 80 % en 2035.  

« Les bonnes pratiques de certains consommateurs et entreprises sont inspirantes pour tous les autres, s’enthousiasme Jean-Baptise Tissier. Sans le volontarisme d’entreprises engagées dans la RSE depuis plusieurs années – et mobilisées pour répondre aux obligations de la CSRD aujourd’hui-, et à la pression de consommateurs actifs, ce texte n’existerait pas. La législation permet d’accélérer les transformations de façon pragmatique, concrète. Produire moins d’emballages, c’est l’opportunité de répondre à la fois aux aspirations citoyennes et environnementales de la société, et de réduire une ligne budgétaire significative. Double impact positif ! ». Les distributeurs du e-commerce sont bien entendu attendus au tournant : le PPWR est en effet la première législation européenne à réglementer les emballages dans le secteur du commerce en ligne.  

[1] Proposal Packaging and Packaging Waste regulation

Emballages à base de plastique bio-sourcé, pour un impact environnemental réduit

En 30 ans, le poids des emballages plastique a été considérablement réduit : -50 % pour les bouteilles d’eau, – 13% pour les flacons de lessive ou encore -22 % pour les barquettes de beurre et -12 % pour les barquettes de viande [2]. Mais la complexité de leur composition rend parfois leur recyclage difficile. Si de nouvelles filières émergent aujourd’hui en France pour offrir des solutions de recyclage à tous les emballages, même les plus complexes, il existe aussi des nouvelles résines plastiques, ayant un impact environnemental bien plus faible que les résines traditionnelles. On connt déjà celles conçues à partir de canne à sucres ou d’amidon. Mais les innovations se multiplient et les plastiques fabriqués à partir de d’algues, de déchets végétaux ou encore de CO2 ou de méthane séduisent aussi de plus en plus les industriels.

[2] Infographie- Citeo- 2022 : « Le tri et le recyclage des emballages plastiques »

Packaging éco-conçus : les bonnes pratiques pour trouver le «juste emballage »

Certaines entreprises n’ont bien évidemment pas attendu le PPWR pour s’attaquer à la réduction de leurs emballages. Les actions les plus visibles portent sur la réduction du vide dans l’emballage, la suppression de l’emballage de regroupement (comme pour les pots de yaourt), ou encore l’incitation à réemployer l’emballage (comme un spray). Voire à refuser un emballage, comme le propose la pratique du Furoshiki, technique de pliage de tissu d’origine japonaise pour emballer des cadeaux sans déchet, ou plus largement le vrac. « Encore timide aujourd’hui, car freiné par la crise sanitaire, le vrac reste prometteur », avance Jean-Baptiste Tissier. En témoigne le chiffre d’affaires de ce marché qui est passé de 100 M€ en 2023 à 1,3 milliard d’euros en 2020 [3]. « Cette pratique nouvelle est clairement alignée avec les aspirations des Français, qui veulent moins d’emballage et un argument économique indéniable ». Rappelons que les magasins de plus de 400 m2 devront consacrer d’ici 2020 « au moins 20 % de leur surface de vente de produits de grande consommation… à la vente de produits présentés sans emballage primaire » (l’article 11 du projet de loi Climat et résilience).

Trouver le juste emballage nécessite une prise de recul indispensable pour les entreprises et les  distributeurs. « Les Français sont en demande d’un emballage réduit, pratique et recyclable. Reste à savoir à quel rythme les acteurs économiques  vont innover et changer leurs pratiques pour répondre à cette demande. Je crois profondément que le meilleur emballage est celui qu’on ne produit pas ou qui se réutilise. La Poste, qui propose désormais des emballages de colis réutilisables, l’a bien compris. Je suis convaincu que d’autres initiatives rendront la transformation environnementale concrète ».

Un éco-packaging fonctionnel

L’emballage peut être utilisé comme un support d’information. C’est précisément ce que proposent les berlingots du Petit marseillais qui ont réussi à relever à la fois le pari de la réduction, de la concentration (« concentré 100 ml = 400 ml » et de l’information en valorisant – sur le nouveau packaging- les arguments sur son bénéfice environnemental : « 60 % de plastique en moins ». Une promesse qui répond sans aucun doute aux aspirations des consommateurs qui placent la réduction de plastique en tête de leurs attentes vis-à-vis des industriels. [4]

Les 3 R de la loi AGEC pour diminuer l’impact environnemental des emballages

Réduire :

· Réduction du poids des emballages grâce à l’éco-conception et en réinterrogeant les fonctions essentielles de l’emballage

· Développement du vrac > 60 % des magasins sont équipés de silos de distribution en libre-service (+ de 400) [5]

Reémployer :

· Un dispositif en cours de développement en France

· Création à terme d’unités de récupération, de transport, de lavage, de re-remplissage

Recycler :

· Taux de recyclage en amélioration constante (72% des emballages ménagers* et 62% des papiers en France)

· Développement actif de nouvelles filières de recyclage pour recycler à terme 100 % des emballages, même les plus complexes.

[4] Etude Shopper 2020 Citeo/Action Plus

[5] Etude Réseau Vrac x Nielsen