Aujourd’hui, entreprises comme consommateurs s’attaquent aux enjeux de durabilité pour limiter, à leur échelle, leurs déchets. Si la seconde main et le reconditionnement sont des concepts bien connus aujourd’hui, certains consommateurs préfèrent encore acheter du neuf par sécurité. Les entreprises et les marques ont ainsi un rôle à jouer, pour s’établir comme des experts et montrer que les alternatives au neuf sont une solution permettant d’allier enjeux écologiques et économiques. Henri-Jacques Bertrand, dirigeant de Ovélo (le spécialiste français du vélo électrique), et Benoît Delporte, co-fondateur de Belong (l’expert français de l’électroménager reconditionné et durable) présentent au fil de cet article leur vision de l’entreprise durable – une entreprise qui va de l’avant.
80% de l'impactenvironnemental d'unproduit est déterminélors de sa production
Les avantages du marché de l’occasion
Depuis quelques années, un nouveau mode de consommation reposant sur les principes de l’économie circulaire se met en place. D’abord le fruit d’initiatives citoyennes, ce tournant a ensuite été suivi par les marques et les entreprises. C’est un marché en pleine expansion, notamment depuis la crise sanitaire : Henri-Jacques Bertrand explique que cette dernière a changé la donne en rallongeant les délais d’obtention des produits neufs, mais aussi en augmentant les prix. Acheter un produit d’occasion est donc devenu plus rapide, mais aussi plus économique : Ovélo s’est engagé dans cette démarche pour pouvoir rendre ses vélos électriques accessibles à toute sa clientèle. Proposer une alternative au neuf est également extrêmement important d’un point de vue écologique, puisque « 75 % de l’impact environnemental d’un produit se fait à sa conception, de l’extraction des matières premières au transport », nous rappelle Benoît Delporte. Le co-fondateur de Belong est convaincu qu’il « est bénéfique de faire durer les produits le plus possible, ou de penser aux produits reconditionnés, si on fait le choix de se passer du neuf. »
Allier location et réparabilité
Pour ceux qui ne souhaitent ni acheter neuf ni d’occasion, une nouvelle tendance se développe : la location. C’est un élément clé de l’économie (circulaire) de demain, car cela implique de repenser complètement la consommation. La notion de déchet disparaît puisque le but est de réparer pour ensuite remettre les appareils sur le marché. Ovélo, qui propose déjà de collecter des pièces en magasin et des vélos reconditionnés, a pour ambition d’aller encore plus loin. La marque va prochainement mettre en place un système de location longue durée : à la place d’acheter un vélo, il sera possible de le louer et de le remettre en état tous les trois ans (en changeant la batterie, par exemple). Cette pièce étant le principal frein quant à l’achat d’un vélo d’occasion, Ovélo prendra en charge toutes les réparations nécessaires. Pour Henri-Jacques Bertrand, cette alternative « permettra de rendre le marché de l’occasion pérenne et de rassurer le client ». Ce système de location permet à Ovélo de non seulement fidéliser ses clients, mais aussi de recycler ses vélos, de les réparer et de rallonger leur durée de vie.
De nouvelles stratégies pour réutiliser un produit
Depuis 2021, le gouvernement a mis en place un « indice de réparabilité », indiquant si un produit neuf est facilement réparable ou non. Depuis, de nombreuses entreprises se sont spécialisées dans les services de réparation. Par exemple, Belong a mis en place sa propre version avec son « indice de durabilité ». Benoît Delporte confie que chez Belong, « l’ambition est de faire durer tous les produits, qu’ils aient été achetés chez nous ou ailleurs. La durabilité est dans notre ADN, notre marque est construite sur ce principe ». C’est cette conviction qui le mène à proposer une garantie de 5 ans afin de dissuader les clients de jeter trop vite leurs appareils. Cela va de pair avec ses services de réparation, qu’ils soient en magasin pour comprendre quelle pièce il faut remplacer, en visioconférence avec des experts pour gérer le budget d’une panne, ou directement à domicile. Selon une étude de l’ADEME, acheter un smartphone reconditionné plutôt que neuf permet de réduire de 91 % son empreinte carbone1. C’est avec ce chiffre en tête que Belong pousse ses principes de durabilité encore plus loin : la marque a pour volonté d’ouvrir dès que possible son propre centre de reconditionnement. De son côté, la marque Ovélo assure également la reprise des produits et vend des pièces détachées pour réparer au plus vite un vélo cassé. Le mot d’ordre de demain : réparer plutôt que remplacer.
Allier entreprise et durabilité est possible. Henri-Jacques Bertrand n’y voit d’ailleurs que des avantages et assure aux marques qui pourraient douter que s’engager pour l’environnement, « est une complémentarité qui va venir toucher une clientèle sensibilisée à l’écologie et donc ouvrir de nouvelles perspectives ». Location, reconditionnement, réparation, recyclage… Autant d’initiatives qui permettent d’élargir l’offre des entreprises et d’allier démarches écologiques et économiques. De plus, la durabilité devient un argument de poids pour les salariés qui souhaitent travailler pour des marques et entreprises qui partagent leurs valeurs. La seconde main n’a pas fini de créer de nouvelles vocations !