Mais attention, s’engager sur des objectifs trop ambitieux sans mettre en place une gouvernance et dédiés des ressources humaines et financières est voué à l’échec. Il faut rester réaliste et inscrire dans sa feuille de route des actions quantifiables, mesurables, concrètes. « L’implication et la posture de l’équipe de direction sont centrales dans le processus : c’est elle qui fixe les priorités, donne les moyens d’agir, mais surtout veille à ne pas déprioriser les engagements en cas d’aléas extérieurs. Une direction déterminée et engagée rend la démarche crédible auprès de toute l’entreprise. Évidemment, sans transparence et sans communication, la démarche est vaine ».
Pour soutenir cette dynamique, les équipes doivent être mobilisées de façon concrète. Et là, l’enjeu n’est plus de sensibiliser les équipes (les fresques du climat sont utiles pour une prise de conscience, mais ne donnent pas toutes les clés pour agir)… mais de les former. « Comment mesurer les indicateurs ? Comment se mettre en conformité avec les nouvelles législations ? Comment fixer le coût du carbone en interne ? Quelles actions mettre en place pour contribuer à une chaîne de valeur plus résiliente ? Les collaborateurs doivent avoir les moyens et les ressources d’agir pour contribuer efficacement au plan d’action qui aura été défini ».
Transition énergétique et décarbonation, ça bouge dans tous les secteurs, mais il faut accélérer !
La stratégie nationale bas-carbone évolue dans le bon sens. Des objectifs sectoriels contraignants se précisent et permettent à certains domaines d’activités d’accélérer leur décarbonation. « Ca bouge du côté de la construction avec les réglementations RE2020 et Décret tertiaire en France. Je pense aussi au secteur du transport qui déploie des ressources importantes pour électrifier les véhicules légers et développer des biocarburants. Sans oublier l’électrification du fret ou le train à hydrogène (Alstom développe des projets dans ces domaines).
La décarbonation de l’industrie n’est pas en reste – plus particulièrement au sein des grands groupes, dont les ressources sont plus importantes. Saint-Gobain ou Schneider Electric avancent vite et ont défini leur trajectoire carbone. Mais de manière générale, les acteurs économiques, comme les acteurs individuels d’ailleurs, ont encore beaucoup de difficultés à se projeter dans un horizon de temps à plusieurs décennies pour opérer un changement structurel. Nous avons toujours tendance à sous-estimer l’impact de nos activités. Aujourd’hui, ce qu’il nous faut, c’est une vraie bascule des comportements. Il nous faut voir plus loin. Et si on s’y met tous, cela va marcher ».
Des alliances sectorielles, par exemple, ont déjà permis à des projets ambitieux de stratégie de décarbonation de se concrétiser. « Il y’a l’exemple réussi de collaboration entre Yuka, Marmiton et La Fourche. Leur projet? Créer un « écoscore » qui aide les consommateurs à faire leur choix. Chaque produit présente ainsi un note qui prend en compte l’empreinte carbone et eau, ainsi que l’impact sur la biodiversité. D’autres acteurs, encore, intègrent la réduction des émissions et la circularité au cœur de leur raison d’être. C’est par exemple le cas de Vestiaire Collective, acteur du e-commerce dont le modèle repose sur l’achat et la vente d’articles de seconde main.
« Tout cela va dans le bon sens et est soutenu par des législations contraignantes qui vont obliger, enfin, les entreprises à être transparentes sur les émissions (lire notre article sur la RSE et la future CSRD). Mais le plus urgent est de mettre le niveau d’effort nécessaire pour atteindre l’objectif de neutralité carbone. Exactement comme l’ont fait les Etats-Unis dans les années 60 pour se poser sur la Lune en moins de 10 ans, conclut Laurent. Des moyens colossaux pour un objectif colossal ! »
La trajectoire carbone est un scénario établi par l’entreprise pour préciser comment elle prévoit de réduire concrètement ses émissions de gaz à effet de serre directes ou indirectes. C’est une projection sur le long terme de l’évolution de son bilan carbone.
La neutralité carbone est l’équilibre entre le carbone émis et le carbone absorbé (séquestré) par des puits de carbone, tels que les sols, les océans et les forêts.
La “compensation carbone” (ou “séquestration carbone”) est le mécanisme par lequel des gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère sont captés et stockés de manière pérenne, par exemple dans des milieux naturels (forêts, champs, prairies…).
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- Calculez votre empreinte carbone avec l’Ademe.
- Pour en savoir plus :
– comment réduire l’empreinte d’un site industriel ?
– comment réduire les consommations de chauffage de mon entreprise ?
– sur la réglementation : introduction, CSRD, webinaire