Crise sanitaire, changement climatique, les acteurs du voyage évoluent pour répondre à la demande d’un tourisme vert, plus responsable, où le respect de l’environnement est aussi important que la destination. Aujourd’hui, l’Europe souhaite s’imposer comme la première destination durable au monde[1], mais comment rendre cela possible ? Dans cet article, nous donnons la parole à Ferdinand Martinet, fondateur de Chilowé, pour qu’il nous en dise plus sur les tendances de l’écotourisme.
Ferdinand Martinet est lui-même un aventurier. Grâce à Chilowé, il invite à voyager autrement, et profiter d’escapades porteuses de sens.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous engager, de devenir voyageur, agence de voyage responsable
Chilowé ça veut dire “chill away”, s’évader dans la nature. On a démarré l’aventure Chilowé y a quatre ans sur un modèle de média d’abord, où notre job était d’inspirer notre communauté à passer plus de temps dans la nature, près de chez soi, sans avoir à aller à l’autre bout du monde pendant trois-quatre semaines pour vivre une aventure dingue.
Au niveau de l’industrie du voyage vert, quelles tendances observez-vous ?
La tendance que j’observe le plus, c’est le besoin de partir plus souvent, parce qu’on a des modes de vie très connectés. Il y a un besoin de déconnecter rapidement et fréquemment. Ce concept de micro-aventures est alors ultra-intéressant : on intègre de courts séjours à nos vies et à nos quotidiens hyper connectés, hyper surmenés. Pour certains, c’est une fois par mois, pour d’autres tous les weekends. C’est s’offrir une sorte de parenthèse dans la nature en faisant de la rando, en découvrant un hébergement un peu insolite, un refuge, etc. Et il y a aussi l’aspect communautaire, le besoin de voyager avec d’autres personnes dans le même état d’esprit.
Par rapport à l’évolution de ces tendances, on voit que les frontières rouvrent après le Covid, la SNCF remet progressivement en marche des trains de nuit. Que verriez-vous comme prochaine étape, peut-être aussi en dehors de la France ?
On observe une explosion de tout ce qui est voyage à vélo. Les grands mots clés, actuellement, c’est le bikepacking, partir avec son vélo. Les gens partent quelques jours de chez eux et vont relier une autre ville, une autre région, une destination. Finalement, le voyage, ce n’est pas la destination, mais le chemin pour y parvenir. Il y a aussi des personnes qui prennent le train avec leur vélo et qui reviennent à vélo, qui prennent le train pour aller faire du vélo en Italie, en Suisse, en Espagne. Je pense qu’il y a une tendance de fond là-dessus, sur le voyage à vélo, en rando, en marchant. Il y a une sorte d’itinérance, de pèlerinage, qui est en train d’exploser.
Comment s’y prendre pour convaincre les voyageurs de se tourner vers un voyage vert plutôt qu’un voyage classique ?
On pense que ça se fait tout seul. Notre job, c’est de surfer sur la vague et sur les aspirations de notre communauté. Il faut décrypter les tendances, les activités qui marchent et à ce moment-là de proposer les bonnes choses. On essaie de faire deux choses. D’abord, on essaie de rendre le Jura aussi sexy que le Costa Rica, et c’est aussi du marketing. Le deuxième aspect, c’est de rendre la réservation facile. Partir en micro-aventure devrait être aussi facile que réserver un Airbnb à Barcelone. Et c’est ce qu’on a fait : tu vas sur le site Chilowé, tu rentres tes dates, tu prends une micro-aventure, tu réserves, terminé.
Est-ce que vous comptez étendre votre offre à certaines destinations en Europe ?
On le fait déjà. On propose des micro-aventures en Italie, en Espagne, en Suisse, en Belgique, et en Catalogne à terme. Tant que ça reste accessible en train, on le fera. En fait, c’est ça le frein : on ne proposera jamais d’aventures en avion. Si c’est accessible en voiture ou en train, on le fera, car il y a des choses magnifiques aux frontières de la France sur lesquelles on a envie d’aller.
La prochaine étape pour vous, ça serait d’avoir votre propre label ?
Le label Chilowé c’est d’avoir une évolution plus marketplace où les gens vont pouvoir proposer des séjours sur notre plate-forme. On va essayer d’augmenter le nombre d’opportunités de séjours et de voyages. Pourquoi les guides, les petites agences réceptives ou les organisations ont envie d’être sur Chilowé ? Car le label est cool, la communauté des gens qui vont s’inscrire est cool, les valeurs sont cools.
Que penses-tu des voyages plus longue durée ? Est-ce que c’est le meilleur compromis entre l’avion et l’écoresponsabilité ?
Nous, ce qu’on va plutôt faire demain, c’est élargir la typologie de l’aventure vers de la permaculture, vers de la vie à la ferme, vers de la méditation, du jeun. Notre thèse de la micro-aventure, c’est local et près de chez soi. Maintenant, si tu me poses la question, oui, c’est partir plus souvent près de chez soi et de partir moins souvent à l’autre bout du monde. Je pense que c’est un mix entre de courts séjours deux à trois fois par an et une fois tous les deux ans un long voyage.