Écotourisme : quellessont les nouvellesfaçons de voyager ?

Crise sanitaire, changement climatique, les acteurs du voyage évoluent pour répondre à la demande d’un tourisme vert, plus responsable, où le respect de l’environnement est aussi important que la destination. Aujourd’hui, l’Europe souhaite s’imposer comme la première destination durable au monde[1], mais comment rendre cela possible ? Dans cet article, nous donnons la parole à Ferdinand Martinet, fondateur de Chilowé, pour qu’il nous en dise plus sur les tendances de l’écotourisme.

Environnement et tourisme : les nouveaux enjeux

L’écotourisme s’inscrit dans une démarche de voyage écologique, soucieuse de la nature et de sa protection. Plus qu’une nouvelle tendance, le tourisme durable est vecteur de valeurs : il permet aux acteurs du tourisme de se démarquer et d’afficher leur engagement pour l’environnement grâce à des pratiques vertueuses.

Les différentes formes de tourisme durable

Tourisme durable oui, mais derrière cette appellation se cache en réalité plusieurs manières de voyager autrement.

  • Le tourisme responsable repose sur trois piliers : préservation de la nature, participation au développement économique local et rencontres avec la population.
  • Le tourisme équitable s’attache à mettre en avant des activités touristiques locales, s’appuyant sur le commerce équitable, pour que leurs retombées économiques profitent aux populations locales.
  • Le tourisme solidaire s’inscrit dans une logique de rencontre avec les populations pour travailler ensemble au développement des territoires.
  • Le slow tourisme s’inspire de la slow life. C’est l’art de voyager en prenant son temps, pour se ressourcer au plus proche de la nature, en privilégiant des destinations proches.

Voyager autrement : quelles activités proposer ?

Micro-aventure en bord de mer, visite en forêt pour découvrir la faune et la flore locale, immersion dans un village local de montagne au Portugal… Autant d’escapades qui contribuent au développement économique, social et culturel des localités visitées. Pour pousser l’expérience plus loin, associez ces destinations à des activités respectueuses de l’environnement comme le vélo, le trek ou le canyoning pour proposer une expérience complète et immersive : les vacances deviennent des voyages porteurs de sens, de valeurs, pour des souvenirs vraiment inoubliables.

Interview de Ferdinand Martinet : son regard sur l’écotourisme

Ferdinand Martinet est lui-même un aventurier. Grâce à Chilowé, il invite à voyager autrement, et profiter d’escapades porteuses de sens.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de vous engager, de devenir voyageur, agence de voyage responsable

Chilowé ça veut dire “chill away”, s’évader dans la nature. On a démarré l’aventure Chilowé y a quatre ans sur un modèle de média d’abord, où notre job était d’inspirer notre communauté à passer plus de temps dans la nature, près de chez soi, sans avoir à aller à l’autre bout du monde pendant trois-quatre semaines pour vivre une aventure dingue.

Au niveau de l’industrie du voyage vert, quelles tendances observez-vous ?

La tendance que j’observe le plus, c’est le besoin de partir plus souvent, parce qu’on a des modes de vie très connectés. Il y a un besoin de déconnecter rapidement et fréquemment. Ce concept de micro-aventures est alors ultra-intéressant : on intègre de courts séjours à nos vies et à nos quotidiens hyper connectés, hyper surmenés. Pour certains, c’est une fois par mois, pour d’autres tous les weekends. C’est s’offrir une sorte de parenthèse dans la nature en faisant de la rando, en découvrant un hébergement un peu insolite, un refuge, etc. Et il y a aussi l’aspect communautaire, le besoin de voyager avec d’autres personnes dans le même état d’esprit.

Par rapport à l’évolution de ces tendances, on voit que les frontières rouvrent après le Covid, la SNCF remet progressivement en marche des trains de nuit. Que verriez-vous comme prochaine étape, peut-être aussi en dehors de la France ?

On observe une explosion de tout ce qui est voyage à vélo. Les grands mots clés, actuellement, c’est le bikepacking, partir avec son vélo. Les gens partent quelques jours de chez eux et vont relier une autre ville, une autre région, une destination. Finalement, le voyage, ce n’est pas la destination, mais le chemin pour y parvenir.  Il y a aussi des personnes qui prennent le train avec leur vélo et qui reviennent à vélo, qui prennent le train pour aller faire du vélo en Italie, en Suisse, en Espagne. Je pense qu’il y a une tendance de fond là-dessus, sur le voyage à vélo, en rando, en marchant. Il y a une sorte d’itinérance, de pèlerinage, qui est en train d’exploser.

Comment s’y prendre pour convaincre les voyageurs de se tourner vers un voyage vert plutôt qu’un voyage classique ?

On pense que ça se fait tout seul. Notre job, c’est de surfer sur la vague et sur les aspirations de notre communauté. Il faut décrypter les tendances, les activités qui marchent et à ce moment-là de proposer les bonnes choses. On essaie de faire deux choses. D’abord, on essaie de rendre le Jura aussi sexy que le Costa Rica, et c’est aussi du marketing. Le deuxième aspect, c’est de rendre la réservation facile. Partir en micro-aventure devrait être aussi facile que réserver un Airbnb à Barcelone. Et c’est ce qu’on a fait : tu vas sur le site Chilowé, tu rentres tes dates, tu prends une micro-aventure, tu réserves, terminé.

Est-ce que vous comptez étendre votre offre à certaines destinations en Europe ?

On le fait déjà. On propose des micro-aventures en Italie, en Espagne, en Suisse, en Belgique, et en Catalogne à terme. Tant que ça reste accessible en train, on le fera. En fait, c’est ça le frein : on ne proposera jamais d’aventures en avion. Si c’est accessible en voiture ou en train, on le fera, car il y a des choses magnifiques aux frontières de la France sur lesquelles on a envie d’aller.

La prochaine étape pour vous, ça serait d’avoir votre propre label ?

Le label Chilowé c’est d’avoir une évolution plus marketplace où les gens vont pouvoir proposer des séjours sur notre plate-forme. On va essayer d’augmenter le nombre d’opportunités de séjours et de voyages. Pourquoi les guides, les petites agences réceptives ou les organisations ont envie d’être sur Chilowé ? Car le label est cool, la communauté des gens qui vont s’inscrire est cool, les valeurs sont cools.

Que penses-tu des voyages plus longue durée ? Est-ce que c’est le meilleur compromis entre l’avion et l’écoresponsabilité ?

Nous, ce qu’on va plutôt faire demain, c’est élargir la typologie de l’aventure vers de la permaculture, vers de la vie à la ferme, vers de la méditation, du jeun. Notre thèse de la micro-aventure, c’est local et près de chez soi. Maintenant, si tu me poses la question, oui, c’est partir plus souvent près de chez soi et de partir moins souvent à l’autre bout du monde. Je pense que c’est un mix entre de courts séjours deux à trois fois par an et une fois tous les deux ans un long voyage.

Les labels écotourisme : les labels du futur du voyage

Qui dit voyage responsable dit également écolabel. Aujourd’hui, il existe de nombreux labels qui aident à motiver les choix des voyageurs : l’écolabel européen, qui garantit des destinations à faible impact sur l’environnement et la santé ; les gîtes Panda, bâtis au cœur de territoires protégés, distingués par WWF ; le label Pavillon bleu, qui récompense les communes et les ports engagés pour un tourisme durable.

Pour obtenir ces labels, il faut respecter des critères bien précis, notamment en matière de consommation d’énergie des logements, de gestion des déchets, de choix de produits d’entretien… Un label tourisme durable, ce sont aussi des économies réalisées à travers ces changements, et un retour sur investissement qui se fait souvent en moins d’un an : une étude des acteurs du tourisme durable a montré que 79 % des touristes privilégient les entreprises labellisées[2].

Dans le futur, on peut imaginer la création de nouveaux labels, comme un label « zone de silence » ou « 100 % déconnexion », pour satisfaire les voyageurs en quête de ressourcement total. Aux acteurs du tourisme de se montrer créatifs et à l’écoute de leur clientèle pour créer et démocratiser les labels de demain, qui sauront séduire les amateurs de tourisme alternatif.

Les voyages du futur seront placés sous le signe du bien-être et du respect de l’environnement : escapades locales ou voyages de longues durées, autant de recettes dont les professionnels du tourisme peuvent s’emparer pour devenir acteur du changement, et s’engager pour un tourisme durable qui résonne avec les valeurs d’un nombre grandissant de voyageurs.

[1] https://www.banquedesterritoires.fr/pfue-le-virage-vers-un-tourisme-plus-europeen-et-plus-durable-devrait-perdurer-au-dela-de-la-crise
[2] Étude Kantar x L’ADN, septembre 2021.